Annabelle et Nana,

Annabelle Mouloudji se souvient de la petite fille qu’elle était. Une petite fille qui n’avait jamais sommeil et que l’on surnommait : Nana.

Annabelle a grandi et sur le piano de son enfance, elle a composé des mélodies riches, impressionnistes et cinématographiques, qui font danser les mots que Nana continue de lui souffler dans le creux de l’oreille. Des harmonies tendres et jazzy qui nous font voyager de Montmartre à Broadway.

Comptines, berceuses et ritournelles, histoires fantastiques, voyages insolites, fables philosophiques, aventures romantiques et loufoques, où l’on trouvera pêle-mêle un fantôme égaré, un vampire désœuvré, une sorcière gourmande, un loup qui rêve de Katmandou, une lionne qui rêve de Babylone, un petit robot amoureux d’une poupée…
Nana parle à Annabelle, Annabelle chante pour Nana…

Il y a des soirs où je n’ai pas sommeil, c’est comme ça depuis que je suis toute petite.
Alors, quand il est l’heure de dormir, j’enfile mon pyjama, je me glisse sous ma couette, je m’enfonce dans mon oreiller, j’éteins la lumière et je ferme les yeux…
Mais y’a rien à faire, tous les soirs c’est pareil !
La petite fille que j’étais et que tout le monde surnommait Nana, s’invite dans ma tête.

La P’tite coquelicot (2011)

Editions Calmann-Levy, 144 pages

Dans ce livre sensible, émouvant, rempli d’anecdotes et de franchise, Annabelle raconte avec simplicité la difficulté d’être la fille d’un chanteur célèbre, d’affronter une belle-mère sèche et avide, de devenir mère à son tour lorsque sa propre mère s’est montrée défaillante. C’est le texte d’une femme surmontant plusieurs traumatismes – un père absent, la mort de son premier né… – selon le principe de la résilience cher à Boris Cyrulnik. Il suffit, pour cela, d’une rencontre décisive. Ce sera David, le père de ses enfants. Mais Annabelle ne sombre nullement dans un optimisme béat, elle sait se garder de toutes les ornières liées à un bonheur systématique. Elle continue d’avancer, d’apprendre en résistant aux chocs comme un bon petit char d’assaut. Comme si, derrière toutes ces épreuves, elle stockait des ressources, une force secrète et inexploitée. En l’occurrence, des mots, ceux de son récit qui la libèrent et la font grandir. Des mots qui lui assurent la victoire contre l’anéantissement du deuil et du chagrin.